[Image][Image]L'éducation en Afrique aux 20ème et 21ème siècles [Image]

Compte rendu du b'art du 21 Octobre 2006 (par Didier)  (10ème du nom)

"L'éducation en Afrique aux 20ème et 21 ème siècles"         

AVERTISSEMENT : Ce b'art n'était pas comme les autres, puisqu'il traitait de la politique d'éducation menée en Afrique par la France aux 20 ème et 21ème siècles. L'une de nos adhérentes a parfaitement résumé la philosophie de cette rencontre : "Nous avons évoqué les sciences ... humaines". Face au succès et vu le nombre de présents, je ne regrette pas d'être un peu sorti du b'art des sciences...pures"

Et tout d'abord, bien évidemment, un grand merci du fond du coeur à nos deux intervenants : Benoît BEUCHER, professeur de sciences humaines au collège Léon JOUHAUX que sa vie mène très souvent (pas assez peut-être pour lui, avons nous cru comprendre..) en Afrique et notamment au Burkina FASO. Ensuite à Bulle BARDOUX, de l'association AIDE et ACTION qui, en tant que bénévole (ce que  je tiens à souligner) sensibilise et informe au travers de diverses actions menées sur la ville, à l'éducation pour tous, levier de développement dans les pays défavorisés. N'hésitez pas d'ailleurs à soutenir son action, en devenant parrain ou marraine, ou en faisant connaître autour de vous, cette association de solidarité internationale qui fête cette année ses 25 ans. Plus d'infos sur leur site Aide et action

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Benoît a brillamment exposé les réseaux scolaires en Afrique à l'époque coloniale, lesquels s'avèrent être au final, l'échec de l'école à l'occidentale.

A la fin du 19ème siècle, il fallait civiliser ces indigènes, que Jules Ferry nommait lui-même les "races inférieures"; et pour ce faire, se cantonnant dans une politique à fondement racial, atteindre un objectif : élever les races à NOTRE niveau, nous, français !

Benoît, en conférencier passionné et passionnant, fit alors et ce, à plusieurs reprises, le parallèle entre l'éducation menée par la France et la Grande Bretagne dans leurs "colonies" respectives.

Les anglais, partant du principe que cette élévation culturelle était impossible, préféra : "mettre les colonies" à l'école.

Les uns, français, prônant l'assimilation. Les autres, anglais l'association.

Ceci pouvant se résumer en une question : un petit africain pouvait-il devenir un vrai petit français ?

(Tout le monde se souvient de "nos ancêtres les gaulois", appris aux fins fonds de la brousse...)

Suivant cette idée d'assimilation, la France créa dès la conquête de l'Algérie en 1830 : 3 départements français en Afrique, avec ce constat :

l'Afrique "est" la France.

Dès lors, furent successivement créés en 1835, le premier lycée à Alger, puis en 1839, la première université.

Hélas, et ici prend tout le poids de ce qui fut le colonialisme, aucun espoir pour les peuples africains de se hisser vers une culture saine leur permettant d'espérer sortir de ce colonialisme.

Un mot pour expliquer cet échec d'assimilation (pourquoi ne pas dire d'intégration..?) : la discrimination !

10 % d'enfants africains sont scolarisés en 1937 et aucune école de filles n'existe.

Tous les autres enfants, illettrés, sont cantonnés dès leur plus jeune âge à des tâches matérielles

(agriculture, traitement des matières premières etc.)

Benoît évoqua également les écoles coraniques, détachées de la main mise coloniale et qui tentaient souvent, de préserver la culture locale.

Hélas pour les uns comme les autres, aucun débouché pour les "meilleurs élèves".

L'élite ne put jamais (à quelques exceptions près) prendre part à l'essor de leur propre Afrique.(Une petite pensée notamment pour les célèbres tirailleurs sénégalais de la seconde guerre mondiale). Avec en prime, une vraie surproduction de cette élite, jamais reconnue et qui dès lors fut un "artisan actif" lors des indépendances successives,  (Bien qu'on leur ait inculqué pendant longtemps les "bienfaits de la République")

Benoît évoqua alors "l'école des otages", dans lesquelles, les fils des chefs tribaux avaient le droit d'étudier... tant que leurs pères ne fomentaient pas de révolte... L'instruction comme monnaie d'échange en quelque sorte. 

La Grande Bretagne, quant à elle, eut plus de jugeotte (si l'on en croit les rapports de force actuelle), car elle organisa pour les aristocrates locaux des "ouvertures" vers les universités de Londres, puis aux Etats Unis. Ces "évolués" furent dès lors une vraie passerelle entre leur pays et l'occident.

Les missionnaires qui, souvent tentaient de développer la foi chrétienne chez ces  nombreux peuples, s'intéressaient également aux langues locales. D'où cette question toujours d'actualité concernant nos actions dans ces pays   :

Que doit-on  "apprendre" aux enfants d' Afrique et, par voie d'extension, quelle aide la France peut-elle apporter à ces peuples en difficulté ? (reconnaissons-le, en grande partie à cause de ce colonialisme made in Europe !)

Etudier le français ... ou Apprendre à creuser des puits, à mieux comprendre l'agriculture et les lois de la nature ?

A l'inverse, comment éviter que l'enseignement technique devenu source de revenus, ne tombe entre les mains de la corruption, laquelle, vue son étendue, s'assimile, selon Benoît, à un impôt généralisé !!

Tout d'abord, il faut bien se rendre compte que les africains conaissaient déjà l'école avant l'arrivée de l'Europe sur leur territoire. Au moins depuis le 16 ème siècle. Souvent pauvres et faites de rien, on y apprenait les mythes fondateurs, la religion, l'écologie et la protection de la nature, dans une oralité respectée et ancestrâle.

La richesse du sous-sol africain et la cupidité des pays occidentaux ont brillamment faussé cette évolution qui ne demandait qu'à prospérer...

La France, engoncée dans son uniforme colonial et supérieur, n'a pas su partager son savoir et s'est vue, dès les annés 1950, confrontée à l'émancipation, puis l'indépendance de ces pays, dont aucune élite n'avait été respectée. A l'inverse, la petite graine de la démocratie insuflée malgré elle dans les pays de l'ouest africains, à dominance francophone, a souvent germé, limitant ainsi les dictatures fortes, contrairement aux autres pays mis sous tutelle anglaise.

La France a voulu pendant longtemps, imposer en Afrique (voire ailleurs...) ses cultures et traditions. La situation internationale actuelle nous prouve que ce n'était pas une bonne solution...

Pour conclure, cette phrase cependant révélatrice d'espoir et porteuse d'avenir :

L'école est un accélarateur d'indépendance

Merci à toi Benoît pour tes propos sages et instructifs.

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Bulle BARDOUX, quant à elle, petit film à l'appui, a davantage traité les actions menées par l'association pour permettre aux populations africaines (mais aussi du monde entier, puisque Aide et action intervient à ce jour dans 18 pays dont 11 en Afrique) :

- d'améliorer la scolarisation des enfants, en particulier celle des filles, et leurs conditions de vie

- impliquer les communautés pour un développement durable.

Concertation, participation, respect des cultures sont les fondements d'une action de développement menée à long terme,

dont la finalité est la prise en charge par les communautés de leur propre développement.

DEVELOPPER LE TISSU SOCIAL LOCAL

Pour constituer son équipe dans chaque pays où elle intervient, AIDE ET ACTION fait appel aux compétences locales : un principe qui favorise la collaboration des équipes avec les populations villageoises. Avant de lancer un projet, les équipes d’Aide et Action rencontrent les autorités locales et les populations concernées, afin de définir ensemble les axes d’action.

Toute la communauté participe ainsi à l’élaboration du projet et à sa mise en œuvre.

La mission locale (faite de gens du pays, lesquels, par pure logique, connaissent parfaitement les besoins de leur village), prend une grande part à l'action menée. Cela limite  les intermédiaires, simplifie les contacts et ...  évite la corruption ou tout autre source de gâchis financier. Car (et Bulle en est très fière) : Clarté et  transparence financières sont de mise chez AIDE ET ACTION. Les parrains et marraines qui versent chaque mois 20 euros savent que cette somme est intégralement utilisée pour une juste cause !

Bulle nous expliqua dès lors, à travers un court-métrage présentant des écoles en Afrique, que les freins à l'éducation sont multiples :

- la pauvreté - la politique - la guerre, - la corruption - les traditions - les problèmes économiques - la santé (notamment à cause du SIDA).

Il est bien évident que ce constat peut paraître insurmontable, lorsque l'on sait que :

100 millions d'enfants dans le monde n'ont pas accès à l'éducation et parmi eux : 60% de filles !

Comment dès lors rester inactif !

C'est le message que porte Bulle, mais également les ONG et autres associations humanitaires présentes sur tous les fronts.

AIDE ET ACTION atypique puisqu'elle existe depuis 25 ans agit pour un monde où la dignité est assurée pour toutes et tous, grâce à l'éducation, particulièrement des enfants, avenir de l'humanité :

Ses engagements :

Agir pour le droit à l'éducation

Sensibiliser, mobiliser et influer

Accompagner les populations

Promouvoir une éducation ouverte sur le monde

Développer le principe de solidarité et d'échange

Garantir la transparence financière de ses actions

Nul doute que si chacun, à sa petite échelle, fait un geste pour que le monde change enfin, loin des magnats de la finance, des lobbies ministériels, des dirigeants corrompus et de la guerre, on pourra.. un jour.. espérer voire cette misère et cette ignorance reculer sinon disparaître.

Ce b'art des sciences à vocation humanitaire n'aura sans doute pas transformé le monde... s'il peut simplement devenir un petit bout d'espoir, alors c'est bien.

Je me permets également de noter ici la présence parmi nous de l'association AMNESTY INTERNATIONAL, dont la représentente sur LIVRY-GARGAN : Marion RIBEAUDEAU est à votre écoute au 01 48 94 65 96 ; mail : m.ribeaudeau@wanadoo.fr

Merci à tous les présents !

Si vous aussi voulez participer à nos prochains bars, n'hésitez pas. Vous serez les bienvenus.

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