[Image][Image]Nature et fleurs[Image]

 Compte rendu du b'art du 25 Novembre 2006 (11ème du nom)

(par Didier)

"Nature et fleurs"           

Avant de commencer ce compte rendu habituel, je voudrais féliciter Geneviève et Bernard, nos amis, lesquels se sont mariés le mois dernier !  

Que tous nos voeux de bonheur les accompagnent !

Bernard BERIGAUD (naturopathe et professeur de Tai-Chi-Chuan) a débuté sa conférence en nous faisant remarquer que si, au Moyen-âge, les plantes étaient abondamment uilisées par le commun des mortels (on connaissait l'utilisation de 200 plantes environ), il n'en est pas de même aujourd'hui.

Alors qu'autrefois, les plantes nous accompagnaient dans toutes les phases de la vie, au 20 ème siècle, nous avons perdu l'habitude de les considérer, et leur utilisation est devenue "marginale".

Nous doutons actuellement de la capacité qu'ont les plantes à posséder une âme ou bien encore de la symbolique qu'elles représentaient autrefois. Ainsi :

- le glaïeul, dont on dit qu'il déclenchait colère et disputes

- la rose, qui, offerte "éclose" était symbole d'amour chaleureux (alors qu'en bouton, elle ne dévoilait qu'un amour tiède)

- les couleurs ensuite : rose rouge pour la passion, et blanche pour un décès

- A la Renaissance, un oeillet à la boutonnière confirmait une fidélité réelle.

- Offrir un magnolia à une femme mariée qui vous invitait pouvait être interprété par le mari comme une insulte (car gage d'un amour fou... alors qu'en Orient ce même magnolia signifie " Je me mets à vos pieds, moi et ma fortune..." (Mes coordonnées bancaires sur demande ; j'adore les magnolias !)

Le chrysenthème, (dont on connaît chez nous les relations qu'il entretient avec nos chers défunts) est - en Orient- symbole de longue vie et de bonheur !

Bernard, en érudit passionné, nous parla ensuite du sens caché des fleurs et des parfums. Il n'était pas rare en effet autrefois, de voir la symbolique prendre le pas sur l'empirisme et la science !

Ainsi la noix, dont les cerneaux ressemblent étrangement à un cerveau humain, ce qui fit dire à beaucoup qu'elle favorisait l'intelligence.

Cette même science qui, peu à peu s'empara des fleurs pour les utiliser en remèdes, provoquant souvent querelles entre anciens et modernes (Le médecin malgré lui de Molière évoque par exemple l'utilisation de "simples" en tant que remèdes ; les simples étant de vulgaires plantes sauvages)

Les plantes étaient répertoriées par :

1- la couleur (la rose, la violette)

2- leur "sensibilité"

( l'impatience, nommée ainsi car elle réagit de façon pulsatile (elle tremble au vent) ; l'hélicryse également (en grec "soleil d'or", dont Bernard nous apprit qu'elle cicatrise les plaies)

3- étymologie :

Ainsi la sauge, rencontrée dans la Bible et dont le nom vient du latin "salvare" = sauver, car la Vierge Marie se serait cachée derrière un buisson de sauge.

Bernard nous fit alors humer des parfums de sauge (avec plus ou moins de succès chez les participants,  tant l'odeur de cette plante est entêtante !)

Il nous apprit qu'il existe deux sortes de sauges ; la sclarée / l 'officinale.

Ce fut d'ailleurs impressionnant de sentir deux parfums si différents venus d'une seule et même race de plante.

L'une (la sauge sclarée), avait une odeur douce, d'herbe mouillée, persistante et plutôt appréciée..

L'autre (la sauge officinale) beaucoup plus agressive, structurée et pour tout dire peu agréable.

4- la forme de la plante.

L'achillée mille feuilles : plante que l'on plaçait devant sa maison, pour que le Diable, qui devait l'effeuiller avant d'entrer perde ainsi beaucoup de temps et renonce à pénétrer dans le logis.

L'aster, dont le nom provient du mot "étoile" (étoile, à laquelle elle ressemble). 

Bernard nous fit beaucoup rire, en nous annonçant que les plantes étaient également souvent associées à des personnalités connues.

- Ainsi, la sauge officinale (dure et sans surprise)  associée à ... Madame Tatcher ; elle qui faisait passer le devoir avant le coeur...

- A l'inverse, la lavande à Mère Térésa, car cette plante a la qualité de laisser les autres espèces (animaux  ou plantes, notamment la ronce)  se joindre à elle ; douceur, acceptation et surtout, pour la lavande au parfum universel : "odeur de sainteté"...

Une mère protectrice en quelque sorte !

La tradition populaire a également attribué aux fleurs et plantes des "caractères", (et donc des effets sur l'esprit et le corps ) en fonction de leur apparence :

Le cyprès qui ballotté par les vents faisait preuve de souplesse, incitant ainsi les habitants de la demeure, à faire eux-aussi preuve d'équilibre, de fluidité et d'aisance.

Que dire des variations surprenantes de constitution chimique constatées sur les plantes prélevées sur un même buisson à trois mois d'intervalle ! : exemple : une fleur de thym analysée au printemps présentait une odeur douce, fine et sensible, alors que la fleur prélevée sur le même pied en fin d'été,  présentait des saveurs plus rauques, plus sèches.

la raison : la présence dans l'une de linalol... et dans l'autre de thymol, deux substances aux qualités bien différentes.

- Le linalol un adoucisseur naturel

- Le thymol, une substance caustique, dangereuse pour les muqueuse assimilée à l'odeur du clou de girofle (les habitués des séances chez le dentiste voient de quoi il est question !)

Ainsi, dans la même plante, on peut trouver, à trois mois d'écart, des composants chimiques différents !

En fait, et de façon plus prosaïque, les différences d'odeurs et de textures ne sont dues qu'aux composants chimiques qui se trouvent dans la plante, composants que nos anciens ne connaissaient pas encore scientifiquement.

Bernard attira ensuite notre attention sur la dangerosité de ces plantes. Une dose mal employée ou une ingestion (à la place d'un massage) pouvant facilement créer des troubes, voire davantage.

Son conseil :

NE JAMAIS UTILISER DE PLANTES (en friction ou en ingestion) SANS L'AVIS D'UN SPECIALISTE.

Tout le monde connaît  la digitaline ou la métadone, médicament à faible dose... poisons violents à forte dose !

Pensez également au laurier sauce dont le rameau (et non la feuille) est toxique.

Le laurier fleur quant à lui, bien que porteur de fleurs de toute beauté, est absolument nocif ; ne pas utiliser ses feuilles pour un quelconque accompagnement culinaire !

La menthe poivrée très dynamisante et dont les odeurs persistantes traversent rapidement tout l'organisme afin de procurer bien-être et énergie (voire exaltation).. A ne pas abuser !

Bernard nous rappela également que parfois les plantes sont associées à des souvenirs d'enfance, bons ou mauvais (un peu comme la madeleine de Proust). Ainsi la lavande, évoquée plus haut, qui pour certains rappelle la propreté des vêtements enfantins et d'autres... la vilaine tante de province acariâtre, revêche et maniaque !

Les plantes enfin sont aussi intimement liées  des événements politiques (la rose au Portugal ou en Angleterre) sociaux (le muguet et la fête du travail en France), à une religion (Bouddha serait né au pied d'un lotus), historique, national etc.

Bref, les fleurs et plantes font partie de notre quotidien et nos anciens visiblement l'avaient mieux assimilé que nous !

De nos jours cependant, la science a fait de tels progrès que la composition des plantes, calculée à l'aide de capteurs chimiques n'a plus de secret pour elle.

Ce que nos ancêtres faisaient intuitivement ou par expérimentations successives, devient de nos jours une réelle connaissance scientifique (la médecine par les plantes est en plein essor).

Les parfums quant à eux, fleurons de notre si beau pays ne cessent de prospérer, entraînant ainsi des besoins nouveaux en plantes et fleurs, que les "nez" (profession de ceux qui créent les parfums) associent pour notre plus grans plaisir olfactif !.

Ainsi du succès grandissant de l'ylang ylang que Bernard nomma "la fleur des fleurs", aphrodisiaque à l'arôme subtil (bien qu'entêtant à forte dose), ou bien encore du bois de Ho, une nouvelle plante remplaçant peu à peu le bois de rose.

Pour conclure, Bernard nous confirma que seules 30 à 33 plantes étaient en vente libre en France, ce qui pose problème dans une Europe où la naturopathie et la médecine par les plantes n'ont pas le même statut d'un pays à l'autre.

Bernard, en homme sérieux et surtout connaisseur regrette que ne soient pas entamées de vraies discussions quant à l'efficacité, la dangerosité, voire la nécessité de ces plantes, qui, rappelons-le, sont connues et appréciées depuis des millénaires !

Une fois encore, nous passons certainement, faute de courage ou de volonté politique, à côté de savoirs et pratiques nouvelles...

L'Europe des plantes en quelque sorte !

Si un débat pouvait s'ouvrir en ce sens, nous en serions ravis.

En attendant, merci à toi Bernard pour ta gentillesse, ton savoir et ton humour (qui passa, si j'ose dire ... comme une fleur !)

Merci à tous les présents !

Si vous aussi voulez participer à nos prochains bars, n'hésitez pas. Vous serez les bienvenus

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