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Compte rendu du b'art du 28 Mai 2008  (26 ème du nom)

 Le projet ITER : ou l'énergie des étoiles.

(par Michel et Didier)

ITER, tout d'abord, ce sont les initiales de "International Thermonuclear Experimental Reactor"

Comme son nom l'indique, ce n'est pas encore une centrale de production d'énergie, mais un gigantesque laboratoire qui doit permettre de tester la faisabilité du processus de production d'électricité par fusion thermonucléaire. Ce procédé, s'il s'avère viable, consisterait non plus à casser les atomes d'uranium ou de plutonium (fission nucléaire) comme dans les centrales traditionnelles, mais a fusionner des atomes de deutérium et de tritium (hydrogène lourd et très lourd) en un atome d'hélium (fusion). Pour réaliser cette fusion il est nécessaire de chauffer le mélange deutérium/tritium à une température de 100 millions de degrés et de le comprimer pour déclencher la réaction qui est du même ordre que celle qui se produit dans le soleil ainsi que dans toutes les étoiles. On dit que le plasma (mélange des noyaux d'atomes de deutérium et de tritium) doit être confiné.

Il existe deux voies pour obtenir la fusion sur terre : le confinement inertiel et le confinement magnétique.

Le confinement inertiel doit être testé dans un centre du CEA (le CESTA) situé à : Le Barp, en Aquitaine. Le principe consiste à comprimer le mélange par des faisceaux laser (250) de forte puissance afin d'obtenir la pression et la température nécessaire au départ de la réaction ce projet appelé : " Projet Mégajoule " devrait démarrer en 2010.

Le confinement magnétique sera testé dans ITER. Le principe consiste à confiner le plasma par des champs magnétiques et à le chauffer par des impulsions électromagnétiques, un peu comme dans un four à micro-ondes.

Le projet ITER est actuellement en construction depuis 2007 à CADARACHE, en région PACA. La durée de construction prévue est de 10 ans et son exploitation doit durer 20 ans. Après et seulement après, on saura si le procédé est scientifiquement possible (en l'état actuel de nos connaissances) et économiquement viable. Si les deux réponses sont affirmatives alors, on devrait débuter la construction de centrales de production d'énergie basées sur ce principe.

Le projet a des détracteurs ; ceux-ci arguent que ce projet coûtant environ 10, 3 milliards d'euros est hasardeux. On ne sait pas si les résultats seront à la hauteur des dépenses. De plus la réaction émettant des neutrons à haute énergie, qui viendront frapper la paroi du réacteur, peuvent l'endommager gravement.

Les optimistes (dont Michel fait partie) pensent que : seule l'expérimentation permettra de lever les " verrous technologiques " et de faire avancer nos connaissances dans ce domaine. Si on ne tente rien, on ne risque pas de progresser. La demande en énergie du monde futur ne peut que croître (pays en voie de développement) et il importe de produire cette énergie pour un coût minimum avec le minimum de pollution (gaz à effet de serre etc…). Ce que doit être capable de réaliser ce type de centrale.

En fait, c'est Michaël Gorbatchëv en ex-union soviétique, qui dans les années 1980, a initié ce projet international.

S'appuyant sur les recherches de Igor Yevguenievich TAMM et Andréï SAKHAROV concernant la "chambre toroïdale avec bobines magnétiques" : le TOKAMAK, il eut l'idée de proposer à des partenaires concernés par l'énergie nucléaire de "réfléchir" à un projet commun.

Ainsi la France, puis l'Europe, mais aussi les USA; et par la suite la Chine, la Corée du Sud et le Japon. Il faut dire que le coût exorbitant des recherches ne pouvait être supporté par un seul pays (les USA l'ont bien compris qui, associés au projet dès 1986, en sont sortis en 2003 pour faire cavalier seul, mais sont revenus dans le groupe dernièrement).

En partant du principe qu'il a fallu près de 10 ans pour se mettre d'accord, qu'il en faudra 20 pour rendre ces études sinon viables, du moins plus "avancées", on peut se poser la question de savoir si ITER n'est pas un monstre glouton superflu... un tantinet hors de prix !

C'est l'argument des "anti" et notamment des écologistes.

Par contre, il faut se poser la question : QUELLE AUTRE ENERGIE POURRA SATISFAIRE LA DEMANDE MONDIALE ?

Si, (et cela semble évident), il nous faudra un jour sortir du nucléaire (ne serait-ce qu'en raison de la disparition proche ou du moins annoncée de l'uranium) :

Tous les scientifiques sérieux savent que les énergies renouvelables ont leur limite... Dès lors, ITER peut-il devenir une alternative à moyen terme ?

QUELS SONT LES AVANTAGES DE LA FUSION NUCLEAIRE ?

- Tout d'abord l'énergie obtenue (si on l'obtient...) serait moins coûteuse que le nucléaire traditionnel.

- Ensuite, pas d'émission de gaz à effet de serre (contrairement aux centrales nucléaires existantes, lesquelles rejettent de la vapeur d'eau). Sans parler des centrales thermiques qui inondent l'atmosphère de dioxyde de carbone (CO2)

- Un rendement très élevé.

- Le combustible : le deutérium (extrait de l'eau de mer, où il est présent à forte dose : 33 g/ tonne et dont la durée de réserve approche les 150 milliards d'années) et le tritium (obtenu à partir du lithium extrait de l'eau de mer, lui, présent encore pour environ 60 millions d'années). De ces deux composants seul le tritium est radioactif. Cependant, sa période (1/2 vie d'activité) est courte : 12,5 ans... Contrairement aux déchets nucléaires, toxiques durant plusieurs milliers d'années.

En prime : pas de danger d'accident, la réaction est tellement difficile à obtenir qu'au moindre problème, elle cesse.

QUELS SONT LES DESAVANTAGES DE LA FUSION NUCLEAIRE ?

Si on élude le problème du coût initial et la difficulté à obtenir cette énergie par confinement magnétique, il faut régulièrement démanteler la centrale pour la nettoyer.

En somme, cette énergie d'avenir qui n'existe pas encore va bientôt, en France, à Cadarache près de Manosque (coucou François... l'enfant du pays !) donner lieu à tout un tas d'expérimentations, de recherches, d'essais, mais aussi ... de constructions immobilières, d'infrastructures (on parle de plusieurs milliers d'emplois induits directement ou indirectement), ce qui fait dire à certains que c'est une bonne chose que notre pays ait emporté ce marché (face à des concurrents étrangers, notamment l'Espagne et le Japon) et à d'autres, que la France, une fois encore, fait le pari du nucléaire sans se soucier de l'environnement.

C'est bien un peu le dilemme soulevé par la science : si les découvertes ne nous tuent pas, elles nous feront progresser... en attendant les 4, 5 milliards d'années qui nous séparent de la fin du monde (voir ci-dessous, la conférence sur le soleil de notre ami Frédéric BAUDIN que je salue au passage.)

Merci à toi Michel, pour cette conférence instructive, qui s'est terminée comme à chaque fois par un frugal repas sympathique (mes amitiés à ton épouse présente aussi !)

Plus d'informations sur les ouvrages de Michel LEMISTRE => ici

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