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Compte rendu du b'art du 12 Septembre 2009 (39éme du nom)

Signification de l'image (de la Préhistoire à nos jours)  avec Denis GINGRAS

Notre ami québécois, exceptionnellement de passage à LIVRY.

(par Didier)

Tout d'abord, disons-le : la présence de Denis à LIVRY était un événement exceptionnel (lui qui ce mercredi part en Finlande, Suède et Danemark faire d'autres conférences). Merci donc à lui de ce grand témoignage d'amitié ; d'autant que ce fut un fabuleux moment de savoir, clair et complet !

Denis nous explique tout d'abord, photos sur vidéoprojecteur à l'appui, que le sens de la vision existe certainement chez les animaux, mais que seul, l'homme est capable de représenter, de recréer ce qu'il voit et même (et dirons-nous surtout), d'inventer ce qui n'existe pas.

Ainsi, les peintures rupestres, dont les plus connues en France sont celles tapissant la grotte de LASCAUX, sont dues à l'activité cérébrale de nos ancêtres. Ceux-ci ont témoigné à

leur manière de ce qu'était leur quotidien :

- la chasse des animaux féroces
- leurs croyances et leur représentation du sacré
- leurs reliques.
Toutes ces images qui nous restent, furent réalisées avec leur mains, armées souvent de quelques instruments rudimentaires (terres ocres, bouts de charbon, plantes écrasées,  sang animal ; le tout lié avec de la salive de la graisse animale, de l'urine, bref, rien que du naturel... !)

Ces dessins, ces lignes, ces animaux dont ils dessinaient les contours sur des murs sombres, n'avaient aucune perspective, aucun code réglementé ; cet art ne servait qu'à exprimer, comme ça, dans l'instant, le mode de vie (et quelle vie !) des humains de l'époque. Ces hommes préhistoriques comme on les nomme, plus intuitifs qu'artistes n'avaient que leurs yeux pour voir et leurs mains (souvent mises en pochoirs sur les murs) pour s'exprimer.

Rappelons que les premiers dessins rupestres (rupestre vient du latin rupes qui signifie roche) datent de 40 000 ans en Australie et de 20 000 ans en France.

Vint ensuite L'Egypte, avec son cortège de dessins dans les pyramides, déjà beaucoup plus élaborés, puisque les portraits des pharaons et autres représentations antiques respectaient à la lettre des consignes : notamment le respect des proportions et le mélange des points de vue. Ainsi les têtes étaient -elles dessinées de profil , les yeux de côté et les torses de face. Plus le personnage était dessiné grand, plus cela signifiait son importance dans la hiérarchie sociale.

Les couleurs également, vives et variées, provenant de divers matériaux (pensons au "bleu égyptien", joli mélange artificiel de silicate de cuivre). Ces innovations permirent aux egyptiens de développer avec art, tout leur univers religieux, sociétal et quotidien.

Denis ose même faire le parallèle entre l'art égyptien et le CUBISME du 20 ème siècle, en raison, non seulement de la grande conscience qu'avaient ces hommes antiques de la couleur, mais aussi des formes bien définies qu'ils exposaient sur de simples carrelages.

Denis évoque ensuite le sténopé, instrument de vision simplissime qui permet, grâce à  la lumière s'introduisant dans un petit trou situé sur la paroi d'une boîte, de voir apparaître une image inversée dans cette même boîte.  

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 Cette projection tridimensionnelle et que visiblement les chinois connaissaient 5 siècles avant Jésus Christ, nous rappelle que pendant longtemps, les hommes n'ont pas été capables de représenter les objets autrement qu'à plat sur un dessin. 

Aristote lui-même décrivit IV siècle avant Jésus Christ, une expérimentation concernant ce fameux sténopé, instrument que visiblement, chacun d'entre nous peut facilement réaliser ! (Je ramasse les objets à la fin de l'heure).

A l'époque de l'antiquité classique, apparaissent la Perspective, avec le point de fuite, mais aussi l'iconographie. Les poteries se développent, sur lesquelles les contours des objets dessinés permettaient une certaine délimitation esthétique de ces objets (souvent en rapport avec la mythologie, la guerre et les dieux).

Ptolémée à son tour écrivit un ouvrage sur l'optique, la réflexion de la lumière (sur des morceaux de verre ; pas encore sur des lentilles...). Denis, en bon camarade qu'il est, nous explique d'ailleurs que Ptolémée qui s'était lourdement trompé sur la disposition des planètes dans l'Univers, a, sur le thème de la réfraction était beaucoup plus sensé (rappelons que Ptolémée pensait que le système solaire tournait autour de la Terre, laquelle était donc le centre du monde...)

Le 24 Août 79 après Jésus Christ (les plus anciens s'en souviennent encore, moi j'étais trop jeune...), le Vésuve, près de Naples, ensevelit les villes de Pompéï et Herculanum. Au XVIIIè siècle, les fouilles effectuées montrèrent que les murs de la ville étaient recouverts de fresques imposantes, dont la plupart effectuées en un matériau extrêmement cher à l'époque : le cinabre rouge (Denis nous annonce qu'il devait être aussi cher que l'or). Cette profusion de dessins, ces innombrables scènes de vie, commandés sans doute par de riches hommes puissants prouvaient à quel point, à l'époque, l'image était importante. Sur les murs, les points de fuite étaient multiples (rappelons que le point de fuite est un point imaginaire destiné à aider le dessinateur à construire son œuvre en perspective).

Denis nous parle ensuite des mosaïques, romaines certes, mais aussi méditerranéennes puisqu'au musée de Tunis, (où il s'est rendu lors d'un de ses nombreux voyages), il a pu voir des petits rectangles de verre de toute beauté, lesquels, associés ensemble, forment de véritables chefs d'oeuvre : portraits, fleurs, scènes animales etc.
Denis ne peut s'empêcher de comparer cette fois aux PIXELS de nos ordinateurs, les morceaux de terre cuite (voire de pierres naturelles colorées) tels des puzzles artistiques.

Denis tient également absolument à parler de la destruction, au cours des siècles (pour des raisons religieuses ou profanes) d'images ou d'oeuvres. Ce que l'on nomme "l'iconoclasme" Quels meilleurs exemples que la réforme luthérienne ( guerre entre catholiques et protestants), la révolution française (au cours de laquelle, sur de nombreux édifices religieux les statues des saints ornant les murs furent souvent décapitées). La révolution bolchévique.

Les hommes sont ainsi qui créent ou détruisent à loisir.

Au Moyen-âge, comme en Egypte, la taille, l'importance des notables se reconnaît à l'oeil nue ! Alors que les gueux, les paysans apparaissent tout petits, eux, ils dominent les tableaux ou les tapisseries  (Pensons aux tapisseries de Bayeux). Apparaissent également à cette époque ce que l'on nomme les Miniatures : des textes écrits (manuscrits), souvent ornés de jolis dessins (les enluminures). Ces oeuvres sont nommées "miniatures", non pas parce qu'elles sont petites, mais bien parce qu'elles sont effectuées avec du MINIUM, rouge calligraphique de l'époque.

Au XVème siècle, l'invention de l'imprimerie par Gutenberg bouleverse les techniques de l'image. D'abord parce que l'impression de toute représentation artistique ou écrite devient plus aisée, mais aussi parce que s'ouvre une ère scientifique nouvelle. Ainsi le peintre hollandais Van EYCK, dès 1434 transforme l'utilisation de la peinture à l'huile en rajoutant dans ses couleurs... de l'essence (à la place de l'oeuf) , donnant ainsi à sa palette, une fluidité bien supérieure. Ensuite, la Perspective devient linéaire (pensons à Léonard de Vinci, mais aussi à Léon Battista Alberti 1404 / 1472) ; l'ingéniérie, l'architecture, les techniques de dessins évoluent. C'est l'époque de l'apparition de la lunette, des loupes, des lentilles (Coucou à Galilée, dont je vous rappelle que 2009 fête les 400 ans de sa première observation du ciel).

Apparaît la camera obscura (présentée dans l'encyclopédie de Diderot) qui  laissera bientôt place à la "lanterne magique".

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Planche de l'Encyclopédie de Diderot sur la camera obscura

Une lanterne magique

  Newton, Young démontrent que la lumière est une onde et Nicéphore Niepce en 1822, invente la photographie ("la table servie" est sa première photo, hélas aujourd'hui disparue).

Arrive ensuite Daguerre qui, avec des sels d'argent répartis sur plaque de cuivre parvient à produire des images. Cette machine sera nommée bien évidemment le "Daguerrotype".

C'est dans les années 1890 que la photo rejoindra la peinture, sous l'influence des Impressionnistes. On se rend compte, à cette époque, que la photographie peut en effet, devenir artistique.

Le 17 décembre 1903, les frères Lumière (Louis et Auguste) déposent un brevet photographique. Leur méthode (assemblage successif de sels d'argent, de laque, de grains de fécules colorés (d'où la lentille...) de résine et de plaque de verre, entre autres) sera utilisée de 1907 à 1932. Bien trop chère et peu pratique, elle fut vite remplacée par celle, allemande, nommée ... Alfachrome.

Denis nous rappelle d'ailleurs, concernant la photographie que le numérique a définitivement mis à mal la pellicule argentique, puisque KODAK dont les clics clacs ont accompagné toute notre enfance va définitivement arrêter l'emploi de la pellicule "à faire développer". Gageons que cette nouvelle procurera à certains autant de nostalgie que la disparition de la bougie, de la plume sergent major ou simplement de l'arrêt de la diffusion de la série Dallas à la télé !  Bref, les temps changent, il faut s'adapter...

Pour en revenir à la conférence, Denis nous présente quelques images d'Epinal, lesquelles, au 19 ème siècle, ont marqué les esprits, notamment dans les campagnes où la population à prédominance paysanne ne savait lire. Ces Images, d'où leur succès sans doute, véhiculaient de façon visuelle la pensée de leurs auteurs.

Arrive enfin l'époque moderne, avec l'invention, dans les années 1847 d'un "ordinateur mécanique" par Charles BABBAGE, puis la découverte par l'allemand Wilhelm ROENTGEN des rayons X, nommés ainsi car son découvreur,ne connaissait pas l'origine de ces nouveaux rayons. Cette découverte lui valut le prix Nobel de physique en 1901.  

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L'ordinateur Babbage

Photographie de la main de Anna Bertha Ludwig Roentgen prise le 22 décembre 1895

Dans les années 1920, arrivent la communication à grande échelle, avec la photographie dans les journaux, la reproduction rapide et bien sûr : le "cinéma" (mot d'origine grecque signifiant mouvement).  Edison en 1893 et, une fois encore les frères Lumière ont lié leur nom dans l'histoire à ce procédé révolutionnaire.

Durant les Jeux de Berlin en 1936, 150 000 téléspectateurs eurent la chance d'applaudir devant leur écran le coureur noir américain Jesse OWENS..., lequel ridiculisa Hitler. Non pas parce qu'Hitler courait moins vite, mais parce qu'il préconisait la supériorité de la race aryenne. Tout faux Adolphe !

Arrivent ensuite en 1944 les transistors, puis les ordinateurs qui occupaient des salles entières pour des opérations minimes. Turing et Von Neumamn en sont considérés les inventeurs.

De nos jours, Apple, puis Microsoft (Qui ne connaît Bill Gates !) avec l'apparition du PC en 1980 se font une guerre commerciale sans merci. Ceci a pour effet de voir régulièrement de nouvelles fonctions apparaître. Dernièrement les images en 3 D (= 3 dimensions), les progrès en infographie, qui rendent saisissant de vérité, les jeux vidéo , ou bien des phénomènes divers (reconstitution des dinosaures, d'un tsunami etc.)

Il faut d'ailleurs à ce sujet évoquer Fourier" (1768 / 1830), mathématicien français qui inventa un calcul mathématique connu sous le nom de "la transformée de  Fourier", outil servant à de nombreuses analyses, et que l'informatique utilise encore de nos jours, pour élaborer ses programmes.

Car il faut bien le reconnaître : en 100 ans à peine, l'homme a bouleversé l'idée que les siècles passés se faisaient de l'Image. On ne parle plus que de "virtuel "et notre amie, madame DERMY, (que je salue ici) a posé une excellente question dans la salle : que restera -t-il à nos générations futures comme informations, si le papier n'est plus utilisé ? Comment stocker sur des machines fiables, tout le quotidien du 20 ème et 21 ème siècles (notons déjà que la "disquette "n'existe plus et qu'il est impossible de lire celles que nous possédons dans nos tiroirs car les machines actuelles "ne sont pas équipées" pour la lecture). Il y a en effet un gros risque de voir disparaître des tonnes d'informations. Un comble à l'époque du "tout communication" !

Internet bien sûr est certainement un "sauveur" pour tenter de résoudre ce problème. Internet outil merveilleux (si on l'utilise à bon escient... La preuve, si vous lisez ces mots, c'est bien par son intermédiaire... Merci de votre fidélité !)

Denis conclut en annonçant l'avenir ! Non pas en tant que devin (quoi que, un devin québécois, ça le fait !) mais purement en scientifique raisonnable.
Nous attend, dans les années à venir, n gros mélange à tous les niveaux de l'information : la "fusion des images".

Télédétection, IRM, messageries rapides, images données en 3 dimensions
Prédominence de la téléphonie mobile, associée à Internet

Progrès dans la médecine (notamment pour équiper les aveugles de machines numériques : "des yeux artificiels")
L'Imagerie en 3D beaucoup plus performante et le traitement des images optiques encore plus précis (mémorisation dans des listes infinies d'objets courants)
Ecrans plats (bientôt les télévisions analogiques seront dépassées)

Bref, l'Image de demain n'aura sans doute rien à voir avec celle d'aujourd'hui, et encore moins avec celle d'hier.

Voilà pourquoi, ill faut rester vigilant pour ne pas détruire accidentellement les connaissances que nos ancêtres ont mis tant de temps à accumuler.
Voilà pourquoi il faut se tenir informé des nouvelles découvertes et inventions, pour éviter de perdre le fil de la société.

Notre jeunesse ne peut vivre sans téléphonie, jeux vidéo et télévision. C'est comme ça ! Espérons qu'ils sauront trouver le juste milieu entre le virtuel et la dureté de la réalité.

Merci à toi, Denis pour ces instants gravés (eux) à tout jamais dans nos mémoires.

Nous espérons sincèrement t'entendre à nouveau un de ces jours à LIVRY , où à présent, tu le sais, tu es chez toi !

La soirée s'est terminée en apothéose autour d'un excellent repas indien, au cours duquel notre ami Louis FALAVIGNA nous a régalés de son humour, de ses souvenirs et de son savoir.

Vous l'aurez compris : le b'art des sciences est un lieu où l'on apprend, on passe du bon temps et on se régale. Rejoignez-nous !

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