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Compte rendu du b'art du 12 janvier 2011  (54éme du nom)

L'Univers a-t-il eu un commencement ?
avec Jean-Marc LÉVY-LEBLOND
(par Didier et Monsieur LÉVY-LEBLOND)

Cette conférence n'était pas tout à fait comme les autres, puisqu'elle était la première d'un cycle de "conférences astronomiques"que la Municipalité de LIVRY-GARGAN a programmées, à l'initiative de notre association Arts et liens. Je remercie d'ailleurs chaleureusement toutes les instances de la ville qui ont oeuvré sans compter pour finaliser ce premier FESTIVALASTROLIVRY !
Voir le site =>  

Ce festival d'une durée de 6 mois (de janvier à juin 2011) permettra à un grand nombre de livryens, (mais pas seulement !) d'écouter les échos de la science, d'entendre les bruits de l'univers, d'admirer des expositions, d'observer le ciel (avant qu'il ne nous tombe sur la tête), d'applaudir des spectacles ou des films de qualité, de côtoyer des auteurs, de débattre, et bien évidemment d'écouter des conférenciers merveilleux et qualifiés tel Monsieur LÉVY-LEBLOND que je remercie également de sa présence et de sa prestation.

Bref un vrai foisonnement d'idées, de savoirs et de bonne humeur !
C'est la philosophie de l'association Arts et liens ; c'est également celle de la ville de LIVRY-GARGAN ! 

Monsieur LÉVY-LEBLOND, venu tout spécialement de Nice pour l'occasion, a évoqué devant nous ce thème de plus en plus d'actualité, de "l'interprétation du BIG BANG".

En fait, il préfère à la question "Quand le Big Bang a-t-il commencé ? " la question bien plus subtile : "Le Big bang a-t-il commencé ? ".
Après avoir rappelé à la nombreuse assistance présente que notre Univers est vieux de 13, 7 milliards d'années (Déjà ! Comme le temps passe !), il s'empresse de nous faire remarquer que cela signifie qu'avant 13, 7 milliards d'années,  si on prend cette affirmation au pied de la lettre, il a bien dû y avoir "quelque chose".
D'emblée, et sachant que cette question est un sujet sensible dans la sphère des astrophysiciens, il rappelle que la critique, quelle qu'elle soit est vitale pour faire avancer les connaissances. Que ce soit dans le monde des arts, du théâtre, de la littérature, il est bon d'avoir des critiques (et non des censeurs) pour faire évoluer les idées.
C'est la même chose pour la science : il faut à la fois suivre la route tracée par les anciens, mais également réfléchir, cogiter, critiquer, débattre, argumenter, se tromper, pour que tous ensemble, nous puissions faire progresser nos civilisations. (Crêper le chignon, ça il n'en a pas parlé et personnellement je suis d'accord avec sa tempérance.)

Une fois énoncés ces préliminaires, il nous interpelle en soumettant l'idée que notre univers bien qu'estampillé 13,7 milliards d'années, ... si ça se trouve...n'est jamais "né".   Ce qui avouons-le est une affirmation (disons suggestion) un peu paradoxale.
Après nous avoir, au vidéoprojecteur rappelé les théories qui se sont succédées depuis Einstein sur l'histoire de l'Univers et sa dilatation
, il en vient à la conclusion que si notre univers est bel et bien en expansion, il n'est pas nécessaire d'imaginer qu'il y a eu un instant zéro, un premier jour, un déclic, "un Big Bang".

Il rappelle d'ailleurs que ce terme de Big Bang fut avant tout un mot inventé en 1950 par un cosmologiste britannique  - Fred Hoyle- qui, justement, pour mettre en cause cette explosion universelle, à laquelle il ne croyait pas, en bon détracteur qu'il était, la qualifia dans sa langue de "Gros Boum", ce qui, avouons-le, a moins de style que Big Bang. Las pour lui, ce mot a plu, est devenu international pour qualifier ce qui depuis est devenu, sinon un fait établi, du moins un cliché : notre univers, gros comme une tête d'épingle serait apparu un beau jour (une nuit, on ne sait pas...) voici 13, 7 milliards d'années.

Difficile cependant pour un esprit scientifique ouvert, d'imaginer que ce gigantesque bazar qui enfle de plus en plus, univers dans lequel notre galaxie fait figure de naine, semblable à d'autres, puisse a priori être borné (dans le sens avoir un début et une fin).

Bien sûr, certains faits accréditent cette hypthèse de Big Bang :

Ainsi Arno Penzias et Robert Wilson, en construisant une énorme antenne métallique en forme de cornet, captèrent tout à fait par hasard, en 1964, un rayonnement qui s'avèra être celui du fond de l'univers.  (Cette découverte leur valut le Prix Nobel et, anecdote que nous raconta bien évidemment monsieur LÉVY-LEBLOND : ces deux scientifiques croyaient au départ que le bruit insupportable qu'ils captaient, provenait de la fiente des pigeons nichés bien au chaud dans ce cône.)

George Gamow et Ralph Alpher, eux, dans les années d'après-guerre (1948), avaient proposé que  "l'univers primordial" ait été au départ un mélange simple d'hydrogène et d'hélium qui, par réactions nuclaires, se serait peu à peu, en "bouillonnant" composé de nombreux autres éléments chimiques multiples et variés. Drôle de potage s'améliorant sans le savoir !

Cependant et malgré ce rayonnement cosmique fossile et cette soupe enrichie, Jean-Marc LÉVY-LEBLOND nous fait bien comprendre nos difficultés à appréhender l'infini :

Comment  imaginer un univers sans borne, alors que l'homme n'existe que depuis des dizaines de milliers d'années et la science de l'univers depuis quelques décennies ?

Difficile dès lors de penser en millions, voire milliards. Ce sont des chiffres qui donnent le tournis, même si, en évoquant le budget national et prenant pour exemple ce que coûte en euro un kilomètre d'autoroute Jean-Marc LÉVY-LEBLOND a bien ouvert dans nos esprits  (voire nos porte-monnaies) ce qu'étaient ces grandeurs.

Notre système solaire fait partie d'un gigantesque ensemble, avec des galaxies semblables à la nôtre, truffées de soleils tout pareils (souvent plus gros) s'éloignant les unes des autres. Pas question ici de "centre de l'univers". Un peu comme un élastique tendu à l'infini, tenu d'un côté et de l'autre par deux individus partant chacun de son côté et tirant sur l'élastique, Des marques peintes, à intervalles égaux sur ce fil s'étireraient dans les deux sens sans qu'aucun ne soit au centre. Expansion, éloignement, mouvement... Rien à voir avec une explosion d'un point donné.
Toutes les galaxies s'éloignent les unes des autres et dès lors pas de point initial pour l'une ou l'autre
. Certaines seraient très lointaines, d'où leur couleur différente à nos yeux, ceci en raison de l'effet Doppler-Fizeau.

Explication : Un son ou une couleur varient, changent de  fréquence forme ou de tonalité selon la fréquence de leur source. Un peu, selon l'exemple de Monsieur LÉVY-LEBLOND, comme la sirène des pompiers qui se fait aiguë, grave ou sourde, selon que le "camion qui fait pinpon" est loin ou proche de nous (remarque personnelle : cela ne marche pas si on est DANS la voiture des pompiers !)

Ces variations, appliquées également aux couleurs, font que l'on observe un "décalage vers le rouge". Plus les galaxies sont lointaines et plus la couleur rouge qui les caractérise (toujours en fonction de cet effet Doppler-Fizeau) devient sombre. C'est ainsi que les astrophysiciens savent reconnaître l'échelle de proximité des galaxies.

C'est l'astronome Edwin Hubble  (dont le nom est devenu célèbre puisqu'il désigne à présent un télescope spatial extrêmement performant, mis en orbite à 560 kilomètres d'altitude). C'est Edwin HUBBLE donc, qui en 1924 observa ce décalage vers le rouge. Rappelons que les étoiles de couleur bleue sont cependant les plus chaudes.

Cette luminosité permet non seulement de classer la distance des galaxies, mais également leur température. (Pour mémoire, Monsieur LÉVY-LEBLOND rappelle que la galaxie d'Andromède M 31, seul objet visible à l'oeil nu, n'appartenant pas à notre galaxie, se trouve "à peine" à 2 millions d'années lumière !).

Là, Monsieur LÉVY-LEBLOND, ne peut s'empêcher d'inciter le public, les indécis, les hésitants, à jeter un oeil à l'oculaire d'un télescope la nuit, pour observer le ciel. Quelle merveille en effet de voir par soi-même et non par diapositive ou photo interposées les astres, planètes et autres objets célestes !

  Il existe tout un tas d'astronomes "amateurs"  capables de vous aider à vous ...rincer l'oeil. N'hésitez pas à les contacter !

A ce propos, je voudrais saluer toutes les associations partenaires du festival dont vous trouverez la liste ici =>  

Dès lors, comment, une fois encore ne pas s'extasier devant le savoir des humains qui peuvent calculer l'existence au bas mot de100 milliards de galaxies, contenant chacune 100 milliards d'étoiles... ( pas une de plus !) et leur ignorance, puisqu'on ne sait toujours pas si autour d'elles gravite la moindre petite planète habitée  (Houhou ! "Y a quelqu'un "?)

La science fait d'immenses progrès et c'est ce qui permet à Monsieur LÉVY-LEBLOND d'étayer son interprtation. Vous retrouverez bien sûr dans ses ouvrages, ses explications circonstanciées [voir en particulier le chapitre " L'origine des temps ", dans son livre La pierre de touche, Folio-Essais 1996, pp. 323-350] , mais selon son point de vue, tout comme il est impossible d'atteindre le zéro absolu  des températures (-273,15 °C), il n'est pas raisonnable de croire que sur une échelle de temps, l'homme puisse parvenir à un "instant zéro".

En fait, selon Monsieur LÉVY-LEBLOND, il faut modifier l'échelle du temps, nous qui autrefois calculions en heures, minutes, secondes, et qui à présent sommes tenus de compter en millièmes de seconde, voire nanosecondes (= milliardième de seconde !). Même chose pour les distances (autant infimes que grandes). C'est toute notre conception de ces calculs qui peut, peut-être nous faire entrevoir que notre univers n'est pas né "un jour", mais intégré dans un processus infini sans origine ni fin.

Il faudra donc se familiariser avec les termes : conceptuellement infini !

Pour conclure, Monsieur LÉVY-LEBLOND évoque cet exemple d'un prisonnier dont la fenêtre grillagée a été obstruée, si bien que ce pauvre homme ne voit que ses barreaux ; un geôlier sympathique (si si, ça existe !) retire la moitié basse du panneau lui cachant la vue. Le prisonnier dès lors voit une route sur laquelle passent des voitures, des charrettes, des piétons. Or cette route, puisqu'elle est horizontalement tronquée en haut, lui pose problème. Où vont ces gens ? Cette route (qu'il mesure arbitrairement en fonction de la grandeur de ses seuls barreaux) paraît se terminer, dans la partie cachée, "en point final " (Oserai-je le point de fuite... Pour un prisonnier, tout de même !). Il manque la tête de son grand triangle, mais il se l'imagine s'achevant en un point zéro !

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Et si le geôlier (vraiment sympa) ouvre grand la fenêtre, le prisonnier comprendra qu'en fait, ce tout petit point au loin, n'est -justement pas - un point, mais bel et bien : l'horizon. Un lieu absolument pas restreint ni unique ... mais loin !

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Cet  exemple, reporté à notre conception de l'univers, cette route infinie et ce "point d'horizon" qui n'en est pas un, font réfléchir.

Merci Monsieur LÉVY-LEBLOND de votre disponibilité, de votre amabilité et de votre patience,  vous qui avez répondu aux questions de l'assistance malgré votre emploi du temps chargé (et ferrovièrement défaillant...).
10 milliards de Mercis également (au moins !)  pour cette passionnante conférence.

Nous vous souhaitons une excellente année 2011. Nous avons été ravis de vous écouter et nous ne vous oublierons jamais, et ça... à l'infini !

Un grand merci également à Madame GUEDJ pour nous avoir ouvert les portes du château de la forêt,
à Monsieur ROBILLARD, responsable de la Culture à LIVRY-GARGAN (un petit coucou à Hugo)

à Monsieur PAPAZIAN, conseiller municipal avec lequel nous organisons à Pâques 2011 un voyage en Arménie (JOIGNEZ-VOUS  à NOUS =>)

Faites le meilleur accueil aux ouvrages de Monsieur LÉVY-LEBLOND et connectez-vous à sa revue Alliage !

La prochaine conférence du festival aura lieu :

le samedi 22 janvier dès 17 heures

à la médiathèque de LIVRY-GARGAN
DIAPORAMA sur le thème SOLEIL et ECLIPSES
(Entrée libre)

avec Les Amis du Parc de la Poudrerie
Leur site
=>

BONNE ANNEE 2011 A TOUTES ET TOUS !!

Cordialement
(par Didier)

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