[Image][Image] Le château du Raincy [Image]

Voici le compte rendu de la conférence du Samedi 17 Mai 2014 (95 ème du nom) 
"Le château du Raincy"
avec 
La société historique du Raincy
et du pays d'Aulnoye (SHRPA)

à la Médiathèque René CASSIN Salle Albert DERRIEN

(par Didier, Messieurs DELBAR et GUICHARD )

Vers les photos de cette conférence

La société historique du Raincy et du pays de l'Aulnoye, fondée en 1910 (sous le nom de "les amis de la bibliothèque du Raincy") est une véritable institution dans notre département, et ses dirigeants actuels tiennent dignement le flambeau de leurs anciens. En vous connectant sur leur site, vous y découvrirez le nombre incalculable d'actions qu'ils mènent.

Voici ici, en passant, la page que vous retrouverez sur leur site :  SHRPA
N'hésitez pas à les soutenir ou les rejoindre ! 

Leurs coordonnées pour tous renseignements :
Par courrier :
SHRPA -Hôtel de ville du Raincy
93340 Le Raincy
--------------------------------------------------
Par téléphone : exclusivement le lundi de 9h30 à 11h30
 au 01 43 02 42 00 poste 182
-------------------------------------------------------
Par -courriel : societe-historique-du-raincy@live.fr 
 
ou mieux :adhérez à la Société Historique du Raincy et du Pays d’Aulnoye en leur retournant le formulaire d'adhésion.  ► Bulletin d'adhésion

Il faut dire que monsieur GUICHARD (président) et monsieur DELBAR (vice-président), passionnés tous deux, connaissent le Raincy et ses environs mieux que quiconque.

Après que monsieur GUICHARD eut présenté l'association, ainsi que leur dernière publication (que je vous recommande de vous procurer : 12 euros ; voir les modalités sur leur site), monsieur DELBAR, en conférencier savant et posé, nous présenta un diaporama fort circonstancié sur ce fameux Château du Raincy.

Bien sûr, aucune photographie, puisqu'il ne reste rien, et ce, depuis fort longtemps, de ce fabuleux édifice, mais des portraits, croquis, des tableaux d'artistes, souvent célèbres, et qui témoignèrent, à leur époque, de la majesté des lieux.

Tout d'abord, le Raincy proviendrait du mot "Rainsel" (signifiant Petite lisière du bois) ou du latin "reincedere" : brûler à nouveau. Construit sur les traces du Prieuré Saint Blaise, le domaine répertorié sur les registres à partir du XVème siècle, connut de nombreux seigneurs notamment Nicolas JULIEN et Jean HEROUARD (qui pourrait être le fils du fondateur du Jardin des Plantes).

Les limites du château varièrent sans cesse au cours des siècles. Les promeneurs (et même, hélas, les automobilistes) ne savent pas aujourd'hui qu'ils circulent forcément, s'ils empruntent l'avenue de la Résistance, l'avenue de Livry et bien au-delà, sur les terres du château.

Plutôt que de longues paroles qui ne feraient que plagier la magnifique conférence de monsieur DELBAR, conférence que je vous engage à venir écouter s'il avait la gentillesse de la renouveler, voici quelques vues fournies par lui.

Les limites du château au cours des siècles :

 

L'histoire du château fut vraiment mouvementée, et, suivant l'humeur des propriétaires successifs, les bâtiments, les enceintes furent maniés et remaniés. Les parcs également, d'abord à la française pour un certain Jacques BORDIER qui acheta 1400 arpents (environ 350 hectares) de la forêt de Bondy, et qui confia les travaux à ... l'architecte Louis LE VAU et au  paysagiste... André Le NÔTRE. Le monde entier les connaît tous deux,  puisqu'ils conçurent le château de Vaux le Vicomte, mais également Versailles.

Monsieur DELBAR nous certifie d'ailleurs, preuve à l'appui que le château du Raincy servit de ban d'essai à ces illustres personnages.

Voici à présent une vue de ce gigantesque château.

Monsieur DELBAR nous explique que les soubassements furent constitués de la roche tendre que de très nombreux ouvriers durent extraire des collines avoisinantes, ce qui, selon lui procura dans la région durant de nombreuses années, de grandes activités synonymes de prospérité. Les villages avoisinants n'étant guère peuplés (...), il fallut sûrement faire venir de la main d'oeuvre étrangère.

Le château, constitué de deux étages, était couvert d'ardoises. La tour seigneuriale de l’ancien manoir, abritait les premières cuisines, et la tour primodiale se trouvait à l'endroit où de nos jours réside... le café "Le Fontenoy".

En fait, l'avenue de la Résistance constitue la grande allée qui menait jadis au château.

Monsieur DELBAR nous apprit ensuite que, menant à un vestibule constitué de 32 colonnes, (d'un seul tenant ; pas en pierres empilées), un escalier majestueux qualifié de "à grande volée à la française" menait aux appartements. En 1680, cet escalier était, dit-on - le plus grand de France.

Le château vu de plus près :

Cet édifice fut mis en valeur par de vraies célébrités : 
- des peintres
, tels : Charles Lebrun, Louis Testelin, François Perrier ; Giovanni  Francesco  Romanelli... dont certains  sont exposés au Louvre, la galerie Mazarine et autres lieux prestigieux.

- des sculpteurs, tels le flamand Philippe de Buyster ou Gérard van Opstal et surtout Jacques Sarrazin, dont la sculpture" les enfants à la chèvre" trône à présent au Musée du Louvre après avoir été vendue à Louis XIV.

Voici les plans du château, comparés à ceux de Vaux le Vicomte. Belle similitude.

La splendide maquette du château, possession de la société historique du Raincy et du pays de l'Aulnoye ; maquette qui cherche - pourquoi pas - un lieu d'exposition permanente (avis...).
Tout comme à Versailles, on trouvait aux abords du château des grottes, des bassins, des labyrinthes, des cascades artificielles, des vergers, un chenil, potagers et autre ferme, dont une vacherie.

Des personnages illustres laissèrent leur nom à l'histoire du château du Raincy :
-Anne de Gonzague, princesse palatine, connue pour son amour passionné pour son cousin Henri II de Guise, mais surtout pour avoir épousé Edouard de Bavière, fils de Frédéric V du Palatinat. Très proche (trop) de Condé, elle eut un rôle sulfureux lors de la Fronde (dans les années 1650), si bien qu'elle tomba en disgrâce auprès de Louis XIV ; d'autant que l'une de ses filles épousa le fils du grand Condé.
- En 1664, Molière y joua pour la première fois son Tartuffe (en 5 actes).

- Le fils du prince de Condé vendit le château au comte de Livry : Louis Sanguin, qui le revendit lui-même à Louis Philippe Joseph d'Orléans, petit fils du régent.
Philippe d'Orléans fit transformer le château pour y ajouter (sans doute car bon vivant !) une salle de billard et une salle à manger, lesquelles lui manquaient cruellement. Il en avait assez de recevoir des plats froids, venus d'une cuisine trop éloignée ; il fit donc également construire des galeries directes vers cette cuisine !
Le château passa dès lors à cette époque (1770) de 1470m² à 2320 (Joli loft !)
Hélas, un incendie dans la nuit du 2 au 3 mai 1773 détruisit la partie centrale du château, abîmant le grand escalier. Les pompiers de l'époque ayant mis fort longtemps à arriver (le 18 ne répondait pas !), le sinistre dura fort longtemps. 
A la mort du Duc D'orléans, 118 tableaux 
furent vendus, dont certains peints par Rembrandt, le Caravage, ainsi que des ouvrages inestimables de la gigantesque bibliothèque : l'Encyclopédie, l'Histoire naturelle de Buffon ; des pièces de Corneille, Racine, Voltaire.
 
Finis les jardins à la française... Voici les jardins anglais :

 Vers 1775-1780, sont édifiés quatre pavillons, appelés les « maisons russes », dont le revêtement en plâtre peint imite l'écorce des arbres. Elles seront démolies en 1911. Le nom de leur emplacement est resté (près du collège Corot)
Voici sur cette gravure, outre les maisons russes, un petit bouton joliment décoré en miniature que créa la Duchesse d'Orléans. Elle en réalisa plusieurs, sous la conduite sûrement du célèbre 
topographe des armées : Carmontelle. Louis Carrogis de son vrai nom, grand ordonnateur des fêtes du Duc d'Orléans laissa plus de 600 portraits et de vues du parc et du château du Raincy.

Voici l'un des croquis de Carmontelle : vue sur le château et le rocher.

Vous aurez compris que l'histoire de ce fameux château est passionnante ; surtout lorsqu'elle est racontée par un conférencier aussi cultivé que monsieur DELBAR.

C'est avec beaucoup de nostalgie et - dirons-nous- beaucoup d'amertume que nous avons conclu ce petit voyage dans le passé, en évoquant la disparition, la destruction des lieux.

La Révolution française 

- guillotina d'abord Philippe Egalité, le propriétaire de l'époque,

- décréta le Raincy : propriété nationale, 

- et le dépeça suivant le schéma suivant :.

On y implanta un établissement rural qui périclita vite .
Vinrent ensuite la vente et la revente des lieux, de façon parfois fort louche (notamment au sujet d'un certain Ouvrard, connu pour avoir vendu aux troupes napoléonniennes "hébergées" alors en Russie... de fausses chaussures à semelle de carton).
Bref, entre achat, rachat, notamment par Napoléon Ier lui-même, puis Louis-Philippe, le château devint peu à peu ruine.
Pillé et mis à mal en 1814 par les troupes russes, mis à sac le 26 février 1848  lors de la deuxième république, il fut découpé en lotissements à partir de 1854, ne conservant, de ci, de là que quelques édifices historiques, souvent défendus bec et ongles par les passionnés.
Ainsi :
- les deux pavillons toujours visibles sur la RN3, commune de Pavillons-Sous-Bois.
 
ou l'Eglise Saint-Louis (la grange de l'ancienne ferme du château)

Le 20 Mai 1869, le Raincy devint Commune. Fin de l'histoire.

Pour celles et ceux qui connaissent bien la région, il est facile de voir combien cette disparition fut véritablement une douloureuse affaire. Je n'ose pas imaginer ce que les habitants de Vaux le Vicomte ou Versailles vivraient si leur château disparaissait de même. 

Voici, pour finir, une dernière vue, précisant l'emplacement du château et de ses parcs et jardins. 
Sachez  qu'au N°100 de l'avenue de la Résistance une plaque commémorative y
est toujours apposée de nos jours.

Avant de conclure, je voudrais faire un petit coucou à madame REBOUL, de La Société Historique du Raincy et du Pays de l'Aulnoye, qui, présente dans la salle a souvent apporté des précisions intéressantes sur le sujet. C'est sympathique de sa part.
La soirée s'est achevée comme à l'accoutumée au Restaurant franco-indien, qu'une fois encore, je vous recommande si vous aimez la bonne chère et la bonne humeur !
Merci monsieur DELBAR, merci monsieur GUICHARD de votre présence et de votre dynamisme. cette conférence fut royale !
Retrouvez toutes les informations de la SHRPA en cliquant ici : Le petit journal de l'Aulnoye